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J'aurais bien aimé être une fille comique...
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17 août 2011

Des grands-parents

Il y a beaucoup de choses à faire dans une journée. Beaucoup de précieuses heures passées - gâchées - dans les transports en commun, les ennuis du quotidien, les tracasseries domestiques ou les embûches professionnelles. Beaucoup de gens croisés, dépassés, oubliés, bousculés ou ignorés. Mais parfois, la vie nous envoie des petits signes pour nous poser, nous arrêter. Pour vivre en somme. Soudain, on arrête de dire "j'dois y aller" avec les clés de voiture qui tintent dans une main et on offre un peu de son temps aux autres. Et ce n'est pas une heure perdue, c'est une heure gagnée sur le tourbillon infernal  de la vie.

51Cr6RPgfNLAujourd'hui, je suis allée souhaiter un bon anniversaire à mes grands-parents qui fêtent leurs 60 ans de mariage. Ce ne sont pas vraiment mes grands-parents, : Tonton et Tati sont comme des grands-parents. Aucun lien de sang ne nous lie à eux, mais un lien bien plus fort encore, tressé d'affection spontanée, de cueillettes de fleurs au jardin et de repas de Noël. Ils font partie de ces gens que je serre dans mes bras, après lesquels je cours caddy aux poings dans les allées du Delhaize, qui m'appellent encore "leur petite Zouky". C'est Tonton qui m'a appris à rouler à vélo, un matin d'été, sur le terrain de basket de Fexhe ; et c'est Tati qui l'après-midi même, m'a emmenée faire une longue balade à vélo dans les campagnes. C'est lui qui organisait des chasses aux oeufs gigantesques dans leur grand jardin ; c'est elle qui nous prépare des galettes, des terrines de gibier, des tartes à la rhubarbe au fil des saisons. A l'heure de la retraite, ils avaient plein de temps libre, ils nous l'ont offert ; petites filles, on avait de l'amour à distribuer, on les en a couverts.

Assise dans leur salon, Tati à ma gauche, Tonton à ma droite, je me suis remémorée tous les souvenirs que j'ai gardé de cette maison : le tic-tac de l'horloge du salon, le tabouret dans la cuisine et les gobelets colorés dans lesquels on buvait du lait, les peaux de bêtes dans la chambre, les armoires de la salle de bain au-dessus desquelles on lançait nos petites culottes. Et les poules au fond du jardin, et la terrine de saumon, et le ballet Cendrillon de Prokofiev enregistré sur VHS.  Cette maison est pleine à craquer de souvenirs, d'instants de bonheur et de nos cris joyeux.

Nous avons discuté de tous légers et de riens importants, de leur journée et de la mienne, du temps qui passe et de ceux qui restent. De l'opéra Don Pasquale, du taux de chômage en 44, de ma thèse. Ils ont parlé de ces soixante années de vie commune avec beaucoup - beaucoup - de concessions, avec des disputes qui font avancer, avec l'un des deux qui fait toujours le premier pas, avec le moins d'égoïsme possible. Mais aussi, et surtout, avec ces moments d'harmonie, ce bonheur à deux qui efface tout le négatif, à côté duquel les ennuis du quotidien, les tracasseries domestiques ou les embûches professionnelles ne sont rien.

J'ai repensé à ce que ma meilleure amie m'avait dit la veille au soir : on devrait plus souvent tenir compte de la sagesse de nos grands-parents. Ils ont vécu tant de choses, ils ont tant à nous apprendre. Le temps que nous pouvons passer avec eux est si précieux.

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