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J'aurais bien aimé être une fille comique...
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10 juin 2011

Le mariage de ma meilleure amie

CanCan_small- « Oh ! regarde, en voilà ! » m’écrié-je en pointant du doigt deux paires d’escarpins blancs en satin dans la vitrine de Pronuptia.

- « Tu paries qu’ils coûtent la peau des fesses? Mais bon, viens, on entre ».

Bichette pousse la porte du magasin – et c’est un monde parallèle que l’on découvre. Des rangées de tringles auxquelles sont suspendues des robes froufroutantes, voletantes, scintillantes ; deux petites filles en pleurs sur lesquelles une maman est en train d’épingler deux atroces boléros blancs en synthétique ; des étales d’immenses chapeaux, de bibis extravagants et de serre-têtes emplumés. A mon grand étonnement, je ne vois nulle part de podium sur lequel on pose la future mariée pour les essayages… (Ô cinéma américain mensonger ! Moi qui ai toujours voulu être une Sally qui va voir sa meilleure amie Mary enfiler sa belle robe au magasin).Par contre, quelques vendeuses obséquieuses nous sautent dessus comme des lionnes affamées.

- « Je peux vous aider, mesdemoiselles ? » dit la vendeuse en nous offrant son sourire le plus commercial (quelle est la petite pigeonne parmi vous deux que je vais pouvoir arnaquer ?).

- « Oui. On cherche des chaussures blanc cassé. 4cm de talon, bout ni trop arrondi ni trop pointu, sans fioritures ridicules. Vous auriez ça ?» répond Bichette sur le ton de celle à qui on ne la fait pas (tu me prends pour une dinde ? Je suis la reine du marchandage, la princesse des marchés de tissus, l’impératrice des bonnes réductions alors si tu crois que je vais me laisser faire, petite impertinente !). Bichette 1 – La vendeuse 0.

- « Bien sûr, mademoiselle. Elles sont dans le fond du magasin à droite. »

Effectivement, dans le fond du magasin à droite, il y a un présentoir recouvert d’escarpins de mariées. Dubitative, Bichette analyse, évalue la hauteur des talons, tâte l’intérieur de la chaussure, et déclare : « Pouh ! Qu’elles sont moches ».

- « Tu rigoles ! Elles sont terribles ! Regarde celles-là avec le tissus qui bouillonnent et celles-ci, il est trop chou ce petit nœud ! ». Carrie Bradshaw, sors de ce corps !

- « Mais elles sont beaucoup trop hautes de toutes façons ! Regarde ça (elle montre une plate forme et un talon de 8 cm). Déjà que je sais que je vais trébucher à un moment ou à un autre, là c’est sûr : en plus de me ramasser toutes les deux minutes, je vais passer toute la journée à boiter ! Je ne supporte pas les talons. C’est pas comme toi ».

On regarde toutes les deux mes pieds comprimés dans leurs petits escarpins bleus. Je lui dis que je suis en train de souffrir le martyr et que mon hallus valgus est en train de hurler de mal ou je dis rien, histoire de l’impressionner ?

- « Ils sont tout rouges tes pieds. T’as mal ? » Ce n’est pas vraiment une question. On ne sait rien cacher à une meilleure amie, j’aurais dû m’en souvenir.

- « Bon, allez Bichette, franchement : il n’y a pas une petite paire qui te plaît parmi tout ça ? » et j’embrasse du regard l’étalage de souliers meringués. Pauvre Bichette ! Si elle le pouvait, elle se marierait en chaussons de jazz. Freddy et Repetto ne font pas encore une gamme Cérémonies ? Ils devraient.

- « Ben… celles-là sont pas mal mais (elle regarde le prix) elles coûtent cent trente euros. ». On étouffe un petit cri d’indignation. Derrière nous la vendeuse se frotte les mains en imaginant le pactole qu’elle va se faire ; Bichette la remballe gentiment en lui énumérant patiemment toutes les bonnes raisons de ne pas se laisser avoir. Bichette 2 – La vendeuse 0.

On sort du magasin tellement bredouille qu’on imagine que Bichette pourrait se marier en escarpins mauves ou rose pâle, histoire de contraster. « Tu crois que mes mamies vous supporter l’idée ? ». Ah oui tiens. Mes mamies à moi, elles en tomberaient là.

Bichette se marie. Dans quelques jours, ma meilleure amie – celle avec qui j’ai dansé et bu des blancs cerises au Déluge, celle avec qui je mangeais des Maltesers pendant le cours de littérature du Moyen Age – va devenir officiellement Madame B. D’un côté, ça me file un bon coup de vieux et de l’autre, ça me donne envie de croire que, s’il y a encore des gens qui peuvent prendre d’aussi belles décisions, tenir de si précieuses promesses, alors l’amour parfait existe sur cette petite planète. 

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